Cliquez sur l'image pour la fermer
Cliquez sur l'image pour la fermer


Campagne du Soldat Léonard BOURRIQUET

212éme Régiment d'Infanterie

(Cliquez sur les photos pour les aggrandir)




Léonard BOURRIQUET est incorporé le 9 octobre 1913 au 172ème Régiment d'Infanterie, caserne Béchaud dans le quartier de la Pépinière, ce régiment est affecté à la défense de Belfort.


Le Régiment prend part aux combats qui se livrent en Alsace et pénètre dans Mulhouse le 8 août 1914. Il s'établit le 9 sur le plateau de Rixheim où, contre un ennemi dix fois supérieur en nombre, il tient tête pendant un jour et une nuit à une contre-attaque furieuse. Il opère ensuite de nombreuses reconnaissances et coups de main danc la région de Thann-Altkirch, jusqu'au 29 septembre 1914, jour où il est envoyé dans la région de Saint-Mihiel pour arrêter les progrès de l'ennemi sur la Meuse.



Bois d'Ailly (Meuse) - 1914/1915.


Dans la Forêt d'Apremont ,où il est engagé dans les premiers jours d'octobre, il fait preuve d'un tel allant dans les charges répétées qu'il exécute au Bois d'Ailly que l'ennemi, quoique très supérieur en nombre, s'arrête dans son avance et s'organise sur les positions qu'il occupe.

Le 172ème Régiment d'Infanterie reste jusqu'au 15 février 1915 dans la Forêt d'Apremont. A part quelques courtes relèves, il ne cesse de tenir en haleine, par des attaques partielles, un ennemi mordant lui aussi et qui rend coup pour coup. Ce séjour est particulièrement pénible dans un secteur où l'on se bat chaque jour et où le contact est si étroit que, sur certains points, les petits postes ne sont qu'à 5 mètres des Boches, et où la guerre de mines et les meurtriers engins de tranchée causent journellement des vides dans les rangs.



Léonard BOURIQUET est nommé Caporal et est muté au 257ème Régiment d'Infanterie le 17 novembre 1914.



Le 257ème est stationné dans le secteur de Nancy. Fin décembre il quitte Bézange la Grande pour se rendre dans le secteur de Flirey. Il se met en route le 23 décembre 1914 par voie de terre pour Lay, Saint-Christophe, Liverdun, Manoncourt, Andilly et Bernécourt où il arrive le 26. Le séjour en Woëvre dure jusqu'en mars et pendant cette période les bataillons occupent alternativement en première ligne le bois de Jury et le terrain à droite jusqu'au saillant du chemin de fer du bois de Mortemare et en deuxième ligne Bernécourt.

Le 5 mars 1915, le régiment quitte le secteur de Flirey et rentre en Lorraine en chemin de fer. Débarqué à Varangeville, il séjourne à Lenoncourt pendant une huitaine de jours et remonte en ligne le 15 mars dans son ancien secteur d'Erbéviller, Sornéville, le bois Sainte-Marie, la forêt du Ranzay et Hoéville.

C'est quelques jours après l'entrée du régiment en secteur que se produisit, le 9 avril, l'affaire de Bezange. Le village de Bezange, sur les bords de la Loutre Noire, se trouvait jusqu'à cette date placé entre les lignes françaises et les lignes allemandes. Des patrouilles des deux partis venaient presque journellement visiter le village occupé encore par les habitants et les Allemands s'y ravitaillaient. Le 24 mars, une patrouille du régiment avait même réussi à y faire un prisonnier. Dans la nuit du 9 au 10 une compagnie a pour mission de préparer l'évacuation du village et de procéder à cette évacuation (habitants et bétail), mais lorsqu'elle se présente à l'entrée de Bezange et eut dépassé les premières maisons, elle trouve les rues barrées par des fils de fer et le village occupé par les Allemands. Toutefois elle occupe solidement les premières maisons et tente de progresser à l'intérieur, mais aussitôt un violent feu d'artillerie allemande fut déclenché sur le pâté de maisons occupé par la compagnie pendant que des fractions ennemies tentent de lui couper la retraite. Cette opération, dont le but n'avait pu être atteint, coûta au régiment des pertes sensibles. A partir de ce jour, le village de Bezange fut occupé en permanence par les Allemands.

Le régiment conserve le même secteur jusqu'au 28 mai, occupé pendant toute cette période à l'organisation défensive des positions où tout est à faire et résistant victorieusement à diverses tentatives ennemies, en particulier sur le moulin de Sainte-Marie situé à la corne est du bois de Sainte-Marie et soumis par intermittence aux bombardements du village de Sornéville, d'Erbéviller et du bois de Sainte-Marie.



Repos à Réméréville - Velaine


Le 28 mai 1915, le régiment va au repos à Réméréville et à Velaine et peut y faire un peu d'instruction bien que l'urgence des travaux à faire en première ligne nécessitât l'envoi de nombreux travailleurs de nuit sur les positions de première ligne.

Vers la fin de la période de repos, le 6ème bataillon quitte Velaine pour occuper Lanenvelotte et Laitre-sous-Amance.



Occupation du secteur du Ranzy, Arracourt, Serres.


Le 3 juille 1915, le régiment remonte en ligne et occupe le secteur d'Athienville, d'Arracourt et du Ranzay. L'État-Major du régiment occupant le village de Serres, il y reste jusqu'au 7 novembre. Pendant ces 4 mois, des travaux sont poussés avec la plus grande activité, tout le front, si étendu pour un régiment, est garni de réseaux de fils de fer, les tranchées et boyaux sont aménagés, en particulier sur la belle position des Jumelles d'Arracourt.

L'activité des Allemands se manifeste par des bombardements sur les villages d'Arracourt, d'Athienville et de Serres et sur la forêt du Ranzay. De notre côté, nous ne restons pas inactifs et, en dehors de nos reconnaissances fréquentes, le régiment prend part à deux opérations plus importantes faites sur le village de Bezange que notre artillerie bombarde avec violence le 20 et le 30 juillet, la mission des compagnies qui prennent part à ces opérations étant de se rendre compte des résultats obtenus par le feu d notre artillerie.

Du 7 novembre 1915 au 3 janvier 1916, le régiment revient au repos à Réméréville et à Champenoux, repos rendu des plus pénibles par le travail de nuit aux tranchées de première ligne.



Occupation du secteur Hoéville, Sainte-Marie, Le Ranzay. .


Le 3 janvier 1916, le régiment remonte au bois de Sainte-Marie et dans la forêt du Ranzay, mais le 1er janvier, les Allemands avaient commencé le bombardement de Nancy par une pièce à longue portée installée dans les environs de Hampont. Pour la combattre, notre artillerie avait elle-même installé de grosses pièces dans les bois occupés par le régiment, aussi, à partir de ce moment, le secteur fut-il soumis à un bombardement des plus gênants.

Durant cette période, nous eûmes à subir, le 11 février 1916, une violente attaque ennemie sur le poste de la Sapinière entre les secteurs des deux bataillons du régiment, attaque d'ailleurs repoussée avec succès.

Le 14 février, le régiment est reporté en arrière. Les bataillons occupent : Buissoncourt et Courbessaux. Il est chargé de l'exécution des travaux sur la deuxième ligne qui couronnait la crête au nord de Hoéville et de la route Hoéville-Serres.



Départ pour Verdun. .


Mais le 20 février avait eu lieu la violente offensive contre Verdun. Le 26 février, le régiment s'embarque en chemin de fer à Ludres et débarque le même jour à Ligny-en-Barrois, de là, il est transporté en camions automobiles et débarque le 28 à Ancemont. Désigné comme réserve de la IIème Armée, le 257ème stationne à Dieue et Sommedieu, puis sur la Croupe de Bernatant et exécute des travaux d'organisation au sud-est du fort de Rozelier.

Après avoir séjourné au Camp Romain, il rejoint le 4 mars 1916 la 68ème division au Camp de La Béholle. Il demeure dans ce camp jusqu'au 12 mars

Puis, le 13 mars, il est désigné pour occuper le secteur de Châtillon-sous-les-Côtes, Châtillon, à la Ferme de Mandres et au Bois Chena. Pendant l'occupation de ce secteur qui dura jusqu'au 28 mars, il eut à subir de nombreux bombardements. En particulier le 23 mars pendant deux heures et demie, le village de Châtillon fut soumis à un bombardement des plus violents (dix-huit obus environ par minute) exécuté avec des pièces de gros calibre et avec obus asphyxiants.

Le 26 mars, le régiment est relevé et va prendre position en ligne sur les Crêtes dans les carrières nombreuses en cet endroit, l'État-Major du régiment occupant la carrière de la Goulotte, il y reste jusqu'au 8 avril.



Léonard BOURIQUET est nommé Sergent le 11 avril 1916.



Du 8 avril au 15 mai 1916, le régiment passe en troisième ligne au Camp de la Béholle, séjour des plus pénibles, pendant lequel, en dehors de fréquents bombardements dirigés sur le camp lui-même, les hommes doivent chaque nuit parcourir une vingtaine de kilomètres pour aller exécuter des travaux sur les Crêtes dans des endroits bombardés presque continuellement.

Le 15 mai, le régiment remonte en première ligne dans le secteur de Moulainville, à Moulainville haute et basse, aux bois de Chena et de Montricelle. Il exécute quelques petites opérations heureuses, où il parvient à faire quelques prisonniers.

Le 30 mai, il passe en deuxième ligne dans les carrières de la Goulotte et voisines. Enfin le 6 juin 1916, le 257ème est relevé et est ramené en arrière pour prendre un repos bien gagné après trois mois de séjour à Verdun, il s'embarque le 9 juin à Ancemont et est transporté en camions automobiles aux environs de Bar-leDuc. Il occupe Longeville et Savonnières-devant-Bar.

Pendant ce stationnement de repos, le 16 juin, on procède à la reconstitution des bataillons qui comprendront à l'avenir trois compagnies et une compagnie de mitrailleuses, les quatrièmes compagnies de chaque bataillon servent à constituer le noyau du Dépôt Divisionnaire appelé plus tard : Centre d'instruction divisionnaire.

C'est également pendant ce stationnement au repos que parvint l'ordre qui mettait fin à l'existence du régiment. Après une revue émouvante, une nouvelle revue eut lieu le 21 juin, sur le plateau de Beauregard, à l'ouest de Longeville et les deux régiments conservés rendirent les honneurs au drapeau.



Léonard BOURIQUET passe au 212ème Régiment d'Infanterie le 21 juin 1916.



Le 21 juin, le 212ème est porté à 3 Bataillons par addition à ses éléments anciens d'un Bataillon du 257ème Régiment.

Le 25 juin 1916, le Régiment remonte sur Verdun. Embarqué à Longeville dans la soirée, il débarque à Récicourt et va cantonner à Wally. Il en repart le 1er juillet, bivouaque ou campe pendant quelques jours dans les bois au Sud d'Avocourt et le 8 juillet relève le 344ème dans le secteur d'Avocourt.

La boue, une boue horrible, liquide, gluante, envahit tout, submerge tout. Certaines unités ont dû, pour rejoindre leur ouvrage, s'y plonger jusqu'au ventre. Les obus et les torpilles arrivent de tous côtés. Les deux Artilleries sont très actives, et se livrent à un duel d'Artillerie.

Le Régiment va au repos dans les bois, en arrière, que les obus n'épargnent pas. Le 12 août au soir, les Allemands exécutent un violent bombardement par torpilles. Le bombardement commencé à 17 heures s'arrête vers 19 heures 30. Alors tandis que l'Artillerie ennemie couvre notre deuxième ligne d'obus fusants, son Infanterie débouchant sur un front de 150 mètres se porte à l'attaque en poussant de grands cris et en lançant des pétards à manche. Nos braves Grenadiers arrêtent les premiers assaillants, nos mitrailleurs fauchent la vague qui hésite et se couche le nez dans la boue. Une nouvelle vague essaie de sortir des tranchées notre barrage de 75 l'oblige à y rentrer précipitamment. La première vague n'avait plus qu'à se replier, elle le fit en laissant de nombreux morts et blessés.

Relève sans incident le 14 août et repos jusqu'au 27 à Brocourt, Nubécourt et Bulainville.



Région du Fort de Souville. .


Du 28 au 30 août 1916, le 212ème reprend pour la troisième fois les lignes devant Verdun. Il occupe la région du Fort de Souville. Le 2 septembre, à partir de 5 heures et pendant toute la journée les Allemands procèdent à un violent tir de destruction sur toute la position depuis Souville jusqu'aux premières lignes. Le tir atteint une intensité d'une violence inouïe, toutes les communications sont coupées, aucune liaison, même par coureur, ne peut être établie et tout fait présumer une attaque pour la fin de l'après-midi. Elle ne se produit pas. Seules paraissent quelques patrouilles qui viennent en avant de nos lignes et cherchen à s'approcher de la position, mais sont facilement repoussées.

Le 6ème Bataillon, particulièrement exposé, a été très éprouvé et son ravitaillement en vivres et munitions est des plus difficiles. La nuit se passe sans incident, mais le 3 au petit jour le bombardement recommence plus formidable encore que la veille. C'est le pilonnage de la position depuis Souville jusqu'au Zouave Pénit et en général sur tout le secteur de Vaux-Châoitre. Les nuages de terre et de fumée sont tellement opaques qu'il est impossible de rien distinguer à quelques pas.

A 5 heures 45 la violence du bombardement s'accroît encore, les obus de 210 (119 kilos), arrivent par rafales, les tranchées sont nivelées, les abris s'effondrent, plusieurs mitrailleuses sont ensevelies sous les décombres.

A 6 heures 30, les Allemands sortent de leurs tranchées et un magnifique combat commence. Nos mitrailleurs, quoique bien diminués, tirent sans arrêt. La lutte est intense et tous, malgré de lourdes pertes, font preuve d'une tenue admirable.

Vers 7 heures, les Allemands arrêtés de front, prononcent un mouvement tournant très nettement marqué dans l'axe du Ravin des Fontaines. Là, se livrent de furieux corps à corps. Deux Sections défendent désespérément l'entrée du Ravin des Fontaines. Les cartouches vont manquer, les grenades sont épuisées, toutes les mitrailleuses sont hors de service. Aucun secours n'est possible. Les hommes s'accrochent à leurs emplacements et sont décimés par l'Artillerie allemande.

A 8 heures, les Allemands s'avançant par le ravin des Fontaines cernent le poste du commandement du Régiment. Les Officiers et Soldats de l'État-major du Régiment, prennent mitrailleuses et fusils et arrêtent net l'Infanterie ennemie qui pendant le reste du jour va rester clouée au sol devant cette poignée de tireurs d'élite.

A 9 heures, commer le tir de préparation par notre Artillerie. Ce tir atteint son maximum d'intensité à 13 heures, et ses effets moraux sont tellement grands qu'avant que nous avions exécuté le moindre mouvement en avant, 150 Allemands lèvent les bras et viennent se rendre.





Léonard BOURRIQUET perd la vie lors de ce combat.

Il est tué au Bois de Vaux Châpitre à Fleury devant Douaumont le 3 septembre 1916.